Quelle voix choisir pour la lecture d’un livre audio ?

vaguelette rouge

publié le 3 janvier 2024

Catégorie : Les coulisses du livre audio

jason rosewell askeuozqhyu unsplash

Une autrice ou un auteur est-il le mieux placé pour lire son livre ?

Pas forcément. C’est même rarement le cas.

Nous allons analyser les situations dans lesquelles cela semble pertinent de recourir à une lecture par l’auteur et celles qui, d’après nous, s’y prêtent moins.

On peut penser intuitivement qu’un auteur est la personne la plus à même de bien lire son livre, puisque l’ayant écrit, il en maîtrise totalement l’intention et les subtilités.

Lire un livre à haute voix est cependant un exercice compliqué (comme nous le racontons dans cette autre page par exemple) qui requiert, :  

  • De l’endurance 
  • Une excellente articulation
  • Une capacité à prendre des voix distinctes pour les dialogues 
  • À introduire des ruptures de rythmes dans le récit.

Toutes choses qui ne s’improvisent pas et que maîtrisent seuls des comédiens professionnels. Le nombre de candidatures de lecteurs amateurs que nous recevons donne à penser que beaucoup sous-estiment la difficulté de l’exercice.

Ensuite, enregistrer un livre audio prend du temps : il faut enchaîner les journées en studio avec une concentration maximale : pas question de gérer ses mails, ses messages ou une autre activité pendant ce laps de temps. Des auteurs ou autrices très sollicités n’ont pas nécessairement cette disponibilité ou l’envie de se la ménager.

D’autres ont très envie de lire leur livre, mais trépignent d’impatience après quelques heures en studio.

Les auteurs et autrices ne sont pas des comédiens et donc pas forcément les plus qualifiés pour assurer la lecture à haute voix de leur livre.

Ils auront sans doute du mal à faire aussi bien qu’un très bon interprète.

Cela constitue également une prise de risque pour l’éditeur audio, qui doit s’adapter à des interprètes moins efficaces que des comédiens professionnels. Cela peut occasionner des dérapages de planning (temps de studio supérieur) ou de budget (postproduction plus importante).

Pourtant les auteurs sont de plus en plus nombreux à le faire, notamment parmi les plus connus : Pierre Lemaître, Daniel Pennac, Maylis de Kerangal, Sylvain Tesson, Michelle Obama...

Dans ce cas-là, c’est la notoriété de l’interprète, qu’il soit auteur ou pas, qui prime : tout interprète populaire apportera au livre des chances supplémentaires de se vendre.

Il importe cependant de faire une distinction entre les ouvrages de fiction et de non-fiction.

Pour les ouvrages de fiction, la lecture par l’auteur a de l’intérêt lorsque l’auteur est médiatisé, par exemple, lorsqu’il reçoit un prix Goncourt (Neige Sinno lit « Triste tigre »).

Pour les ouvrages de non-fiction, les choses sont un peu différentes. La lecture par l’auteur est intéressante lorsque que celui-ci possède, non pas une surface médiatique importante, mais qu’il est suivi dans son domaine par une communauté significative.

Il peut s’adresser à cette communauté via des conférences, des réseaux sociaux, une newsletter, des articles de presse, des podcasts, qu’importe ! Les gens évoluant dans la même sphère sont habitués à l’entendre prendre la parole, et son propos aura donc encore plus de force s’il l’incarne lui-même, puisqu’il fait autorité dans son domaine.

Si l’on pousse la logique à l’extrême, c’est bien Barack Obama qui lit son livre audio « A promised land », ou Nicolas Sarkozy qui lit ses mémoires.

Il était aussi logique que Gaël Chatelain-Berry, conférencier, podcasteur et auteur, prête sa voix à ses livres audio « Manager bienveillant 2.0 » et « Mon boss est nul, mais je le soigne », deux ouvrages publiés chez VOolume.

La notoriété ou l’autorité de l’auteur semblent donc les deux meilleures raisons pour envisager une lecture par l’auteur.

D’aucuns pourraient également être tentés d’y recourir afin d’économiser sur les coûts de production.

Certains auteurs indépendants qui souhaitent produire leur livre eux-mêmes veulent lire pour économiser sur le coût de la production.

L’idée est séduisante, mais in fine pas si efficace : l’impact sur le coût ne sera que de 25 % environ. Plusieurs raisons à cela :

  • La prestation du comédien ne constitue pas l’essentiel des coûts d’un livre audio
  • Cela nous demande du temps de vérification des capacités de lecture de l’auteur
  • Le lecteur sera moins efficace en studio qu’un lecteur professionnel, et il faudra donc plus de temps d’enregistrement et de postproduction.

Enfin, nous nous réservons aussi le droit de facturer en sus en cas de dérapage trop important par rapport aux prévisions. Si l’intention est strictement économique, lire son livre soi-même ne semble donc pas une bonne idée. 

Si, en revanche, la motivation est personnelle et qu’il est important pour l’auteur de donner lui-même une expression orale à son œuvre, alors oui, c’est une excellente raison de se lancer.

Vincent Engel a par exemple lu « Les Vieux ne parlent plus », livre audio à paraître courant 2024 et dont le propos est particulièrement intime, puisqu’il évoque le décès de sa mère.

 C’est en revanche Philippe Caulier qui a assuré la lecture des livres de sa grande saga italienne, Le Monde d'Asmodée Edern.

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Alice Bonneville

Alice Bonneville

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