Livre audio : deux points de réflexion 🧐

La photo a été prise à Strasbourg les 15 et 16 juin derniers lors des « Rencontres professionnelles du livre audio » organisées par la Plume de Paon.  

La qualité de l'image ne rend pas justice à celle de l'événement : il y avait plein d’éditeurs, de studios et de débats intéressants ! Deux d'entre eux m’ont laissé particulièrement pensive.

Pour celles et ceux et qui n'ont pas pu venir, je vous en livre un petit récap🖊️ :

1. Comment jeter un pont entre la librairie physique et le livre audio, désormais largement dématérialisé ?

Comment faire en sorte que le développement du livre audio ne se fasse pas, via des plateformes, en marge des librairies ? 📚🎧

L’objectif est double :

- Associer les libraires au développement du livre audio en leur permettant d’être rétribués pour le travail de recommandation qu’ils pourraient faire en la matière.

- Faire découvrir le livre audio aux clients des librairies indépendantes, souvent rétifs aux plateformes GAFAM, mais amateurs de littérature. Comme le rappelle l’enquête CNL-IPSOS, ce sont les grands lecteurs qui sont aussi les plus grands audiolecteurs. Cela élargit les occasions de lecture plus que cela ne les cannibalise.

L’initiative de l’entreprise Stay tuned, présente à la table ronde, est assez enthousiasmante. Le chemin est encore long, mais le succès de Libro.fm, qui fonctionne sur le même principe aux États-Unis, incite à l’optimisme !

2. Les voix artificielles générées par IA pourront-elles remplacer les comédiens pour la lecture des livres audio ?

On y est pas encore, loin de là, mais elles sont de plus en plus convaincantes (jetez une oreille chez Deepzen par exemple ).

Invitée à juger s’il s’agissait d’une voix humaine ou d’une voix artificielle lors de l'écoute de 5 extraits, une partie importante de l’assemblée des Rencontres, pourtant censée être éclairée sur le sujet, s’est trompée.

Les extraits étaient courts, il est vrai, mais cela n’est pas de nature à rassurer, tant les progrès de l’IA sont rapides. Les principales plateformes interdisent pour l’instant la publication de livres audio générés par des IA, mais pour combien de temps encore ?

Comment allons-nous adapter et protéger nos métiers, artisanaux et artistiques, face à cette révolution ? 🤔

À terme, se dessineront sans doute deux types de production : les productions de livres audio « bas de gamme » pouvant être assurées par l’IA, et des productions « haut de gamme », dans lesquelles le travail éditorial et artistique est important, et qui continueront à faire appel à de comédiens. 

Ceux-ci sont d’ailleurs en train de s’organiser au niveau européen afin d’encadrer le droit d’auteur lié à la voix : comment éviter que la voix d’un comédien ne soit « pillée » par des entreprises peu scrupuleuses ? Si, à l’inverse, un comédien donne son accord pour que sa voix soit utilisée par une IA, comment faut-il encadrer cela ? Etc. La liste des questions soulevées en matière de droit d’auteur par l’arrivée de l’IA  est vertigineuse…

Bonne cogitation ! 💭