Le Temps bleu

Gabrielle regarde son père. Ses yeux disent : « Pourquoi mamie chat veut que j’aille jouer à la dînette ? Moi, ce que j’aime, c’est me rouler dans l’herbe et manger des cerises. » Philippe connaît sa fille. Et il connaît aussi sa belle-mère, un être aimant et généreux mais aux idées plutôt arrêtées. Une fois, elle avait reproché à Sophie, qui venait d’accoucher de Gabrielle, de ne pas l’aider à faire la vaisselle, alors que les trois hommes de la famille (son beau-père était encore en vie) étaient avachis dans le canapé devant un match de football. Philippe s’était aussitôt levé pour suppléer sa femme, mais Denise l’avait invité sèchement à aller se rasseoir. « Si j’ai besoin que vous alliez me couper du bois, je vous ferai signe ! » Il lui avait rétorqué que, chez eux, c’était lui qui lavait la vaisselle, qu’il aimait bien cela, et que de toute manière il fallait que Sophie reste allongée pour se reposer.

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