Eugène Sue
Issu de la grande bourgeoisie, dandy membre du jockey club, Eugène Sue appartient à la jeunesse parisienne dorée. Il jouit d’une petite réputation littéraire mondaine et se préoccupe fort peu de ce qui se passe au-delà du Faubourg Saint-Germain. Alors qu’il est en panne d’inspiration, on lui souffle l’idée d’écrire sur la vie du peuple plutôt que sur celle des nantis. Déguisé en homme du peuple, il explore les ruelles fétides et obscures, parcourt les recoins les plus mal famés des faubourgs parisiens, s’aventure dans les cabarets. Il y puise une formidable matière humaine et linguistique pour son roman : le Prince Rodolphe, Fleur-de-Marie, le Chourineur et son argot inimitable sont nés de ses premières virées nocturnes.
Eugène Sue se contente au début d’exploiter la misère sociale comme simple matériau littéraire. Cependant, il devient, au fur et à mesure de la rédaction du roman, de plus en plus convaincu de la nécessité d’instaurer plus de justice sociale, allant jusqu’à se dire socialiste. En ayant contribué à la prise de conscience des conditions de vie du peuple, il a été pour beaucoup l’un des instigateurs de la révolution de 1948.